ľĹÉ«ĘÓƵ

Nouvelles

CHORD : Un énorme bond en avant pour la radioastronomie canadienne

Le radiotélescope de nouvelle génération tirera parti du leadership canadien en astronomie pour percer les mystères de l’Univers
Large, round white radio telescope dishes sit in a grassy field on a sunny day
Image par National Research Council of Canada.
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 27 August 2025

L’assemblage du plus ambitieux radiotĂ©lescope jamais construit sur le sol canadien, CHORD, est en cours. Ce tĂ©lescope, dont le nom est l’abrĂ©viation de Canadian Hydrogen Observatory and Radio-transient Detector (Observatoire canadien de l’hydrogène et dĂ©tecteur de signaux radio transitoires), permettra aux astronomes d’étudier plus en dĂ©tail que jamais certaines des questions les plus passionnantes et les plus mystĂ©rieuses de l’astrophysique et de la cosmologie, notamment les sursauts radio rapides (SRR), l’énergie sombre et la mesure des particules fondamentales. « Ce tĂ©lescope sera considĂ©rablement plus puissant que CHIME, son prĂ©dĂ©cesseur, et il sera entièrement rendu possible grâce Ă  la technologie et Ă  l’expertise canadiennes », soutient , professeur de Ă  l’UniversitĂ© ľĹÉ«ĘÓƵ et l’un des responsables du projet. Les dernières innovations en matière de fabrication de paraboles radio seront mises Ă  profit, notamment des circuits Ă©lectroniques conçus pour rĂ©duire les interfĂ©rences radio, et des technologies informatiques de pointe pour le traitement numĂ©rique des signaux.

Lancé en 2017, le télescope CHIME (acronyme de Canadian Hydrogen Intensity Mapping Experiment) a placé les scientifiques canadiens à l’avant-plan de la recherche sur les SRR. Signaux radio transitoires, les SRR ne durent qu’une fraction de seconde. Ils sont causés par un phénomène astrophysique que les scientifiques ne sont pas encore parvenus à élucider. Les SRR proviennent de loin, bien au-delà de notre galaxie, et leur énergie est très haute à la source, mais lorsqu’ils atteignent la Terre, leur signal peut être très faible.

Le télescope CHIME a détecté des milliers de SRR depuis 2018, mais CHORD sera encore plus sensible. Il permettra aux scientifiques d’observer des signaux plus faibles et de détecter une gamme de fréquences plus large. Il pourra détecter des milliers de SRR en temps réel, avec une précision inégalée.

« Le télescope CHORD s’appuiera sur le succès de CHIME, l’instrument de détection des SRR le plus efficace au monde. Grâce à l’élargissement des bandes de fréquences et à une sensibilité améliorée, CHORD nous permettra de repérer un plus grand nombre de SRR et de mieux les comprendre », explique Kendrick Smith, responsable de la conception logicielle pour le projet CHORD à l’Institut Périmètre de physique théorique. « Lorsque nous aurons détecté suffisamment de SRR, nous pourrons établir une carte statistique des électrons dans l’Univers. »

« La première antenne est la plus difficile »

En janvier, l’équipe a installé sa première antenne, et d’ici la fin de l’année, 50 autres devraient être en place. Tous les composants du télescope CHORD – matériel, logiciels et campagnes d’études scientifiques – seront prêts pour un essai à l’automne 2025, qui fera appel aux premières antennes, avant la mise en service du système à plein rendement en 2027.

« La première antenne est la plus difficile à installer, car il faut que tous les éléments soient en place pour l’ensemble du projet : les installations, le personnel et la chaîne d’approvisionnement en matériaux », explique Dallas Wulf, chef de projet de la collaboration CHORD.

Le noyau central du télescope sera situé à l’Observatoire fédéral de radioastrophysique du Conseil national de recherches du Canada (CNRC), près de Penticton, en Colombie-Britannique. Il y aura également deux stations auxiliaires, des versions plus petites de l’instrument CHORD, situées au nord de la Californie et au centre de la Virginie-Occidentale, qui permettront de mieux localiser la galaxie d’où provient le SRR.

« Les stations auxiliaires du projet CHORD amélioreront considérablement le rendement scientifique en permettant de localiser avec précision les SRR détectés par le noyau central », a expliqué Juan Mena-Parra, membre principal du groupe scientifique chargé de l’instrument à l’Institut Dunlap d’astronomie et d’astrophysique de l’Université de Toronto. « Ce niveau de précision nous permettra de reconnaître avec certitude les galaxies hôtes et l’environnement source des SRR : une étape clé vers la compréhension de leurs origines et l’exploitation de leur potentiel dans l’examen de la structure à grande échelle de l’Univers. »

Un fleuron de l’astronomie canadienne

En plus d’étudier les mystères des SRR, le projet CHORD renforce les partenariats conclus avec le secteur privé canadien pour la conception et la construction du télescope au Canada.

« Nous avons d’abord construit une usine de la taille d’un aréna et recruté une petite armée de techniciens, qui travailleront avec de jeunes scientifiques et des ingénieurs, explique Matt Dobbs. La technologie utilisée pour cet instrument a été conçue au Canada, et des Canadiennes et Canadiens de différents secteurs et de différentes provinces collaborent pour jeter les bases qui rendront possible cette percée scientifique. »

Le Centre de recherche Herzberg en astronomie et en astrophysique du CNRC est à l’origine de certaines des technologies mises au point localement, notamment les réflecteurs monoblocs novateurs utilisés par le projet CHORD.

« Il n’existe aucune antenne parabolique comme celles-ci dans le commerce. Pour arriver à la forme dont nous avions besoin, il a fallu que notre équipe conçoive et fabrique les antennes à la main sur place, explique Brian Hoff, chef du projet CHORD au CNRC. Le plus difficile a été de maintenir la précision requise à chaque étape du processus. Notre conception est à la fois peu coûteuse et hautement reproductible : des facteurs extrêmement importants lorsqu’on doit fabriquer 640 antennes. »

Le logiciel et les outils analytiques ont également été conçus au Canada. Le télescope CHORD recueillera une quantité énorme de données lors de ses observations de l’Univers. Kendrick Smith estime qu’à chaque seconde, le télescope recueillera plus d’un téraoctet de données, soit environ le débit de données de l’ensemble du réseau de téléphonie mobile nord-américain. Pour trier une telle quantité d’information, il faudra disposer de nouveaux logiciels et algorithmes efficaces. Les scientifiques canadiens sont à l’avant-garde dans ce domaine.

Le projet CHORD a Ă©tĂ© financĂ© par la Fondation canadienne pour l’innovation. L’UniversitĂ© ľĹÉ«ĘÓƵ, l’UniversitĂ© de Toronto, le Conseil national de recherches du Canada, l’Institut PĂ©rimètre et l’UniversitĂ© de Calgary collaborent Ă  sa construction. Les autres partenaires du projet sont l’UniversitĂ© Queen’s, l’UniversitĂ© de la Colombie-Britannique et l’UniversitĂ© York, ainsi que l’UniversitĂ© d’État de l’Arizona, l’Instituto Nazionale di Astrofisica en Italie, le Massachusetts Institute of Technology et la West Virginia University.

Back to top